Dans le cadre de la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées 2023 (SEEPH), du 20 au 25 novembre, l’IFPRA vous révèle le visage de nos acteurs (apprentis et entreprises) qui s’impliquent et se mobilisent sur la question du handicap en milieu professionnel. Après s’être entretenus avec Yvonne et Valentin, respectivement apprentis chez Kernel Biomédical et l’ADAPT Normandie, place à leurs tuteurs qui nous précisent la position de leur structure dans le recrutement de collaborateurs en situation de handicap.
Nous sommes sensibles à la politique handicap
IFPRA : Bonjour messieurs, pourquoi avoir choisi de recruter des apprentis dans vos entreprises ? Et avez-vous l’habitude de ce type de recrutement ?
Adrien Kerfourn : Chez Kernel, oui, nous avons l’habitude de recruter des apprentis, surtout sur la partie développement commercial. Les jeunes sont encore à l’école, ils ont les idées encore fraiches et pour les structures plus petites, c’est aussi un bon compromis.
Benoit Ragot : A l’ADAPT aussi nous avons cette volonté d’intégrer des alternants. Ils peuvent montrer ce qu’ils savent faire et développer des actions innovantes au sortir de l’école effectivement. Cela permet aussi d’ouvrir sur des métiers qui se développent dans les structures associatives.
IFPRA : Était-ce une volonté d’intégrer une personne en situation de handicap ?
Benoit R. : Forcément à l’ADAPT, nous sommes sensibles à la politique handicap (association loi 1901, qui accompagne les personnes handicapées). Nous avions sollicité plusieurs écoles pour ce recrutement et le profil des postulants était plutôt bon. Sur la fiche de poste nous n’avions pas de critère de handicap, ce n’était pas un frein parce que nous avons la chance d’avoir une expertise sur ce champ. Ensuite, les entretiens ont fait la différence, le profil le plus adéquat est sorti du lot et il s’agissait de Valentin, apprenti en situation de handicap.
Adrien K. : Chez nous c’est la première fois que nous recrutons une personne handicapée mais nous n’avions ni appréhension ni contrainte. Pas de surprise puisque nous avons évoqué le sujet assez rapidement et nous nous sommes plutôt focalisés sur la motivation, le savoir-faire et la détermination d’Yvonne. C’est tout cela qui a favorisé son embauche !
Travailler main dans la main, c’est bénéfique pour tout le monde
IFPRA : Avez-vous eu besoin de mettre en place des aménagements spécifiques pour accueillir votre apprenti(e) ?
Adrien K. : En réalité, pas vraiment. Yvonne dispose déjà de ses appareils, nos bureaux sont adaptés et nous lui avons mis à disposition casque et micro. On reste évidemment toujours ouvert si besoin ! Elle est suivie et accompagnée donc on pourra toujours faire le nécessaire.
Benoit R. : L’environnement de travail et l’aménagement horaire sont les principaux agencements que nous avons mis en place. Flexibilité, souplesse, calme permettent à Valentin de travailler dans de bonnes conditions. L’appréhension de son handicap permet de réajuster et continuer de faire sans cesse.
IFPRA : Ce recrutement a-t-il changé votre regard sur le handicap ? Avez-vous modifié votre posture sur la question ?
Benoit R. : Aussi bien pour nos collaborateurs que pour l’association, l’idée est de se remettre en question perpétuellement. On continue d’investiguer, de travailler main dans la main pour trouver un aménagement optimal et être le plus opérationnel possible. C’est un travail commun hyper intéressant parce qu’on évolue encore et toujours, on s’adapte aussi en fonction des missions et on progresse. C’est bénéfique pour tout le monde.
Adrien K. : C’est bien résumé. On essaie de mettre tous les feux au vert pour accueillir les nouveaux arrivants. L’intégration doit se passer pour le mieux et pour cela nous devons proposer les meilleures conditions pour que le handicap ne soit pas un frein et que les collaborateurs s’épanouissent et maximisent leurs compétences.
Avoir une démarche de personnalisation
IFPRA : Un petit mot pour finir ? Un message à faire passer ?
Adrien K. : Je ne sais pas trop quoi dire… Il n’y a pas de différence en réalité. Au quotidien, on ne se rend pas compte du handicap, Yvonne est une personne comme une autre, elle a du potentiel et nous, on est aussi là pour le révéler en lui faisant confiance. Clairement, pour les entreprises, il y a d’autres problématiques à traiter et pour cela nous devons disposer de personnels efficaces et qualifiés, et à ce jour, nous sommes pleinement satisfaits du travail d’Yvonne.
Benoit R. : Effectivement, il faut tirer le meilleur de tout le monde. Concrètement, nous sommes dans une démarche de personnalisation, mais avec tous les collaborateurs. Chaque collaborateur est avant tout un être humain. Il faut prendre le temps de l’écouter et concernant les personnes en situation de handicap, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner, par exemple un ergonome. Ce sont des ressources supplémentaires, qui apportent une expertise dans la démarche d’amélioration. Quoiqu’il en soit, nous sommes très satisfaits d’avoir Valentin dans l’équipe et allons tout faire pour qu’il obtienne son Mastère.