SEEPH 2023 : apprentissage et maturité avec Valentin Leguillon

SEEPH 2023 : apprentissage et maturité avec Valentin Leguillon

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Dans le cadre de la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées 2023 (SEEPH), du 20 au 25 novembre, l’IFPRA se mobilise et met à l’honneur différents acteurs du réseau autour de la question du handicap en milieu professionnel. Apprentis, entreprises, on fait le tour de la question et on poursuit avec l’entretien de Valentin Leguillon.

Grâce à l’apprentissage, j’atteins un Mastère. Je suis fier !

IFPRA : Bonjour Valentin, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Valentin Leguillon : Après avoir obtenu mon Bac Pro Gestion- Administration, je me suis dirigé vers un BTS NDRC (Négociation et Digitalisation de la Relation Clients, ndlr) que j’ai également validé. Ensuite, j’ai eu ma licence professionnelle Responsable du développement commercial et j’entame maintenant mon Mastère Manager en Développement Commercial à l’ISD Flaubert avec une alternance à l’ADAPT en tant que chargé d’Affaires.

IFPRA : Pourquoi avoir choisi l’apprentissage ? Quel avantage procure cette modalité ?

Valentin L. : Pour être honnête, auparavant, j’avais tendance à m’ennuyer en cours. Alors j’ai souhaité mettre quelque chose de concret dans mon cursus. L’apprentissage combinait bien la chose. J’avais aussi besoin d’indépendance, d’avoir un rythme qui me permette de m’y retrouver et avec les semaines en entreprise, ça me convient bien. Je peux appliquer ce que je vois en cours mais aussi partager mon expérience de terrain et ça c’est plutôt positif. L’apprentissage permet aussi une meilleure intégration dans le monde professionnel. C’est une chance d’y mettre un pied et, à titre perso, je suis le premier de la famille à atteindre un Mastère, grâce à l’apprentissage. C’est un sentiment de réussite, encore plus en situation de handicap. Je suis assez fier.

SEEPH Handicap Flaubert Rouen
Disposant d’aménagements si besoin, Valentin dispose de bonnes conditions d’apprentissage

IFPRA : Avez-vous déjà rencontré des obstacles concernant votre handicap au niveau professionnel ou scolaire ? (ndlr, Valentin est dyspraxique)

Valentin L. : Ma maman est également en situation de handicap et elle a rencontré pas mal d’obstacles. Je n’ai donc pas voulu reproduire le même schéma bien que par le passé, dans ma scolarité, ce n’était pas toujours facile. Une fois que j’ai su ce que je voulais faire, je me suis donné les moyens de réussir et le handicap n’était plus un poids et encore moins un frein. Maintenant, je m’éclate dans ce que je fais et encore plus depuis que je suis à l’ADAPT.

Le handicap n’est plus un sujet du quotidien

IFPRA : Est-ce que des aménagements ont été proposés aussi bien par l’UFA Flaubert que par votre entreprise ?

Valentin L. : J’ai la chance d’avoir une équipe pédagogique qui m’accompagne. Je viens d’avoir une chaise ergonomique en plus d’un casque antibruit. Emmanuelle Réveillon suit actuellement le dossier et elle fait tout pour que je sois dans les meilleures conditions d’apprentissage. Je peux demander des aménagements horaires ou avoir une salle pour me concentrer. A l’ADPAT, mon responsable est également à l’écoute, ce serait dommage vue la structure (sic). Concrètement et pour que je sois le plus efficace, on va privilégier les missions intellectuelles en début de journée par exemple, moment où je serai moins fatigué. En résumé, je suis bien entouré et clairement, le handicap n’est plus un sujet du quotidien.

IFPRA : Avez-vous eu du mal à trouver une formation et une entreprise ?

Valentin L. : Si on ne me pose pas la question, je ne parle pas de mon handicap. Et clairement, en postulant à l’ADPAT, le sujet n’était pas problématique. Quand je suis en entretien, je sais que j’ai des atouts à mettre en avant et c’est là-dessus qu’on doit me juger, pas sur mon handicap. J’ai une personnalité, des compétences qui font de moi ce que je suis, et si le handicap reprend le lead, c’est un aveu de faiblesse. Je ne veux pas être traiter à part, je suis plutôt de l’école de l’inclusion. Jusqu’ici ça a marché alors je continue. La preuve en est, je suis hyper bien intégré, heureux de venir travailler, j’ai des super collègues, on se voit même en extérieur ! Au final, je pense que chaque camp y trouve son compte. L’entreprise évolue pour mettre ses collaborateurs dans les meilleures conditions de travail et nous, on est bien plus efficace et ça profite à la structure.

SEEPH Handicap Formation Normandie

Être utile à la société

IFPRA : Comment vous projetez-vous dans les années à venir ?

Valentin L. : Dans l’idéal je vise un poste de consultant. J’aimerais bien ouvrir un cabinet en politique RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) par exemple. Je veux être utile à la société en tout cas. Après, je ne vous cache pas que travailler autour du handicap à un moment donné serait également une finalité dans ma carrière.

IFPRA : Un dernier mot ? Une devise ? Un conseil à passer ?

Valentin L. : Si on a des difficultés à vivre avec, il ne faut pas hésiter à en parler, ça fait toujours du bien, mais attention, il ne faut pas s’enfermer dedans. Le handicap ne doit pas devenir un sujet tabou comme l’origine, la religion ou la politique… c’est un sujet de société certes, mais on doit pouvoir rester ouvert ! Ma devise serait certainement d’aller au-delà du handicap. Malgré la situation on a des compétences à faire valoir et en parallèle on ouvre des portes et les esprits. Bref, éclatez-vous !

Enfin, je tiens à remercier les équipes de l’ISD, Emmanuelle et Gaëlle en particulier, l’ADPAT évidemment sans oublier l’IFPRA, et Leïla notamment.